Les résultats de la simple observation, carnet de terrain ou récit de voyageur, ne suffisent pas pour comprendre une société. L’observateur extérieur se rend sur le terrain, mais il est nécessaire d’aller plus loin. Il doit aussi analyser ce qu’il a vu, en tirer des conclusions.
Pour y parvenir il doit s’insérer dans la société qu’il étudie pendant une période assez longue pour bien cerner les habitudes de vie, s’imprégner de cette culture. Il sera ainsi en mesure d’expérimenter ses hypothèses. Pour comprendre réellement une société, il faudrait que les observateurs soient à la fois des acteurs subjectifs de cette société et des observateurs objectifs de cette société.
La compréhension d’une société ne se résume donc pas à une observation mais à un lent et pénible travail de terrain avec surtout la prise de conscience que des personnes issues de sociétés différentes ne raisonnent pas de la même manière.
Cette étude qui prétend être compréhensive peut aussi devenir une volonté de transformation, passant par l’apprentissage de l’autre, sa découverte. Certains sociologues militants ont même voulu transformer et améliorer des sociétés étrangères ou des groupes sociaux en leur en apportant des éléments de leur propre culture, comme André l’Hénoret qui mit en place une section syndicale dans une entreprise japonaise ou comme Pierre Bourdieu sur la question de l’indépendance algérienne, ainsi que plus tard, lors des grèves de 1995, où il s’opposa aux réformes Juppé.
Grégoire Aballéa, Nicolas de Carpentier, Hubert Lion et Jonas Maurath